LE REVENU
UNIVERSEL ,
UNE FAUSSE BONNE IDÉE ?
450 euros par mois pour tous, sans condition.
Une utopie pour certains, un projet de société pour d'autres. Qu'on l'appelle le revenu de base ou le revenu universel, l'idée reste la même : tout le monde devrait bénéficier d'un minimum de ressources pour vivre dignement.
“Déversement de pièces de monnaie à Bern en octobre 2013 pour demander un référendum sur le revenu de base. Alors que certains Suisses suggèrent une allocation de 2.500 francs, en France plusieurs partisans proposent un revenu de base à 450 euros.”
LA QUESTION ÉPINEUSE DU MONTANT
Le montant du revenu de base n’échappe pas aux interprétations idéologiques. Proposer une allocation de 400 euros ou 2.000 euros, ce n’est pas souhaiter un changement macro-économique de même nature. En fait, plus la somme est élevée, plus elle induit le remplacement de toutes les aides sociales pré-existantes : on se rapproche donc du libéralisme.
Irriguée en partie par des théories inspirées par Marx, Philippe Van Parijs propose une nouvelle conception de la société, actuellement basée sur l’opposition entre chômeurs et travailleurs. Fondateur de l’association internationale pour le revenu de base en 1986, il est docteur en économie à l’université de Louvain.
Économiste libéral, Juan Ramon Rallo juge que le principe de revenu de base est tout simplement illégal. Il considère aussi que toute obligation de transfert de revenus est une atteinte aux libertés individuelles. Selon lui, servir les intérêts d’autrui sous la contrainte n’est pas une solution.
DIRECTION DE LA RÉDACTION
Robert JULES
@rajules
UNE IDÉE QUI NE DATE PAS D'HIER
i le concept a de quoi séduire tous les bords, c'est qu'il porte en lui le rêve d'une société plus juste, et d'une solution au problème de la pauvreté. Un problème persistant dans les pays riches où la misère cotoie l'opulence. Depuis le 18e siècle, plusieurs théoriciens provenant d'horizons idéologiques divers ont essayé de fournir leur solution.
Dès 1795, Thomas Paine plaide pour une indemnité qui compense la pauvreté créée par l’Etat. A cette époque, l'auteur explique que la réforme agricole, qui dépossède les paysans anglais de leur terre, conduit à l’appauvrissement des citoyens.
Portrait de Thomas Paine
Crédits : National Portrait Gallery
Portrait d’André Gorz
Crédit : Youtube
André Gorz considère que le plein emploi ne reviendra jamais : le revenu de base serait donc une condition nécessaire à la survie des individus dans une société où l'emploi ne parvient plus à sortir les personnes de la pauvreté.
Portrait de Milton Friedman
Crédit : Wikipédia CC
Pour financer le revenu de base, l’économiste Milton Friedman propose une simplification extrême du système fiscal, avec la fin de l'impôt sur le revenu au profit d'un impôt universel dont la somme serait fixe pour tout le monde.
La distribution des moyens de paiement devra correspondre au volume de richesses socialement produites, et non au volume de travail fourni
n dissociant le travail du salaire, le revenu de base rémunère des activités auparavant jugées gratuites. On s’éloigne donc de l’idée que “toute peine mérite salaire”, une valeur fondatrice de nos sociétés.
De même, le revenu de base revient à accepter qu'une personne fortunée soit autant aidée qu'une personne dans le besoin. Une nouvelle approche de la solidarité, donc, qui ne convainc pas certains à gauche, qui y voient une défense de l'individualisme et une injustice sociale.
LES LIMITES
DU CONCEPT DE REVENU DE BASE
La métaphore du surfeur de Malibu, élaborée par le philosophe John Rawls, avance que dans le cadre d’un revenu de base, les individus travailleurs paieraient pour que d’autres, les surfeurs, puissent passer leur journée à la plage.
DES EXPÉRIMENTATIONS BIAISÉES
e revenu de base a été mis en place dans certaines régions du monde, mais avec des spécificités qui suggèrent que le concept n'est pas universellement viable. Par ailleurs, les projets pilotes s'accompagnent rarement d'une révolution fiscale susceptible de garantir sa faisabilité à une échelle mondiale.
Marc de Basquiat, économiste
LE REVENU DE SOLIDARITÉ ACTIVE (RSA) COMME INSPIRATION
En Espagne, malgré les engagements du parti Podemos en faveur du revenu de base, la formation politique a dû reculer face au chantier que constitue un tel projet. Finalement, Podemos a opté pour la mise en place d'une allocation proche du RSA français.
e revenu de base est un projet fondé sur des calculs rigoureux qui respectent deux principes : l'universalité et l'inconditionnalité de son versement. Et pour répondre à ces deux exigences, ses partisans travaillent à partir des mesures existantes, comme le RSA.
En place depuis 1988 en France, ce système, méconnu est souvent critiqué pour sa complexité. En politique, il fait régulièrement l'objet de campagnes populistes qui dénoncent une mesure favorisant "l'assistanat".
En France, 68% des travailleurs pauvres qui pourraient bénéficier du RSA ne font aucune démarche.
Malgré un taux de non recours très élevé, l'Etat recensait 2,44 millions de foyers bénéficiaires fin mars 2015.
Ce n'est pas normal qu'un couple touche 1,5 fois plus de RSA qu'une personne seule par exemple. Rien ne justifie non plus les quotients familiaux qui s'immiscent trop dans la vie des individus.
UN FINANCEMENT QUI REBUTE
our que le revenu universel s'impose, ses défenseurs doivent convaincre la population des bénéfices d'un tel système, même s'il conduit à une augmentation des impôts ou de la TVA.
Pour Marc de Basquiat, un prélèvement de 23% du salaire net de chaque individu en France suffirait à financer un revenu de base de 450 euros.
Visionnez la vidéo pour comprendre comment financer le revenu de base par l'impôt.
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La confrontation
En réalité on n'en sait rien. L'hypothèse que le revenu de base va fonctionner est un peu dans le vide. Mais dans tous les tests menés, aucune expérience ne prouve que les gens s'arrêtent de travailler.
AUTEUR
Mégane CHIECCHI
@meganechiecchi
CONCEPTION
Elodie BRINGUIER
@dizdatwhatzthat
Julie BONNEL
S
E
L
L
P
André Gorz
